Mohamed Hadj BOUHOUCH

L'Egypte va-t-elle verser dans le terrorisme ?

 

 

     En 2011, quand la place At Tahrir du Caire était noire de monde, quand, d’une seule voix, le peuple égyptien criait à l‘adresse du Raïs ce fameux slogan " IRHAL″ DEGAGE, personne ne pouvait encore imaginer le genre de nouveau né dont la révolution du Nil allait accoucher. L’essentiel, le but était le départ du Président Hosni Moubarak et l’événement d’un nouveau régime, issu du peuple par la voie d’élections libres.

       Devant l’ampleur de l’agitation d’un peuple, désabusé, irrité, déchaîné et décidé d’aller jusqu’au bout, le monde entier était resté à l’écart, hésitant de prendre une position quelconque et préférant attendre pour voir la tournure qu’allaient prendre les événements. Ni les diplomates en place ni les services de renseignements américains, européens et israéliens ne pouvaient donner un  pronostic ou prévoir  l’issue de la situation. 

       Moubarak démissionne. Un peuple entier en liesse, jubile et crie victoire. Nous savons tous la suite des événements. Des élections préparées et déroulées apparemment dans des conditions normales, ont donné lieu à une majorité islamiste et désigné Mohamed Morsi comme président de la république. Ce fut le choc et le brisement de cœur  dans le camp des démocrates égyptiens et surtout la déception et le désarroi du coté américain et leurs alliés européens, arabes et israéliens.

       Avec la menace iranienne, la situation confuse qui existe actuellement en Irak et en Syrie, accepter que l’Egypte, le pays arabe le plus peuplé et qui a toujours été à l’avant-garde des autres états de la région, accepter qu’il bascule dans les mains des Islamistes, c’est créer un climat d’insécurité dans  tout le Moyen Orient et surtout mettre en danger les intérêts américains et de leurs alliés arabes, sans parler des risques probables pour Israël, qui va être coincé entre une Egypte islamiste et un bloc Irano syrien, hostile et menaçant. Tel était certainement le raisonnement des experts de la Maison Blanche.

      Faire destituer le gouvernement des frères musulmans et confier le pouvoir à une équipe sous l’égide de l’armée, était la solution la plus « sage » et la plus sûre, et ce, en dépit de la mauvaise réputation dont jouit actuellement l’armée égyptienne dans le pays et dans le monde. Que faire ? Le choix était limité entre la peste et le choléra.

      Le dossier égyptien n’est donc pas encore clos. Et dire que l’oncle Sam et François hollande cherchent aujourd’hui à allumer un autre brasier en Syrie !  Hier encore, 5 septembre, en Alexandrie, en Ismaïlia et dans plusieurs autres localités égyptiennes des manifestations pro Morsi ont eu lieu. Hier encore et pour la première fois depuis les années quatre vingt dix, UN ATTENTAT à la voiture piégée a eu lieu au Caire. La plupart des observateurs qui suivent de près les événements du Moyen Orient, pensent que ce n’est là que le début et que la situation va s’empirer avec les jours et les mois qui viennent. D’après les dernières informations le gouvernement du Caire s’apprête, après cet attentat, à prononcer l’interdiction de l’organisation des Frères Musulmans, ce qui laisse prévoir, à coup sûr, le passage à une action clandestine et à des actions terroristes.  Américains et alliés arabes risquent de se retrouver dans un véritable bourbier. Ne parlons pas de la situation économique et sécuritaire du pays qui vont franchir le seuil de la précarité.

      En politique, comme dans la vie, il faut savoir parfois composer et accepter des concessions et des compromis...



10/09/2013
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