L'UNION POUR LA MEDITERRANEE
La mer méditerranée, ce grand bassin de 2,5 millions de kilomètres carrés, a toujours été une voie de transport maritime, utilisée depuis l’Antiquité, par les peuples de la région, pour leurs échanges commerciaux et culturels. Mésopotamiens, Egyptiens, Perses, Phéniciens, Carthaginois, Grecs et Romains ont tous sillonné les eaux méditerranéennes et installé des comptoirs de part et d’autre du bassin, ce qui avait déjà permis, dans les temps anciens, d’établir des rapports humains et de tisser des relations entre les différentes civilisations de la région.
L’expansion coloniale du 18 et du19 e siècles, à la recherche des matières premières et de nouveaux horizons de profit, a donné lieu à une plus grande interpénétration entre pays de la région et à l’établissement de rapports plus étroits sur les plans économiques et culturels.
Mais après l’avènement des mouvements de libération et l’indépendance de la quasi-totalité des pays de la rive Sud, les données et les rapports entre Européens et les autres Méditerranéens ont pratiquement changé, devenant des relations entre pays souverains, ou plutôt entre anciens colonisateurs et colonisés, d’où l’existence encore aujourd’hui de séquelles inoubliables.
UNE UNION POURQUOI FAIRE ?
Bien entendu
Lancée en 1995, le processus de Barcelone, l’Euromed, est repris à nouveau par l’appel de Rome pour l’union le 20 décembre 2007, par le président français, le président du conseil des ministres italien et le président du gouvernement espagnol qui ont établi les grandes lignes du projet de l’Union et invité les chefs d’Etat et de gouvernement des pays riverains de
Pour les instigateurs de cette idée, il s’agit d’instituer un partenariat entre les pays du pourtour de
Selon Alain Le Roy ambassadeur en charge du projet pour
La rencontre de Paris aura pour but de fixer les principes et l’organisation de l’Union, ses objectifs immédiats et lointains, les domaines de coopération prioritaires, de se mettre d’accord sur un certain nombre de projets concrets dont les participants essayeront d’étudier la fiscalité et les sources de financement.
UNE UNION ENTRE LE RÊVE ET
Ce projet d’une Union pour
Pour le Colonel Kadhafi cette union est humiliante et constitue un affront pour les pays du Sud. « Nous ne sommes pas des affamés ou des chiens pour qu’ils nous jettent des os » a-t-il notamment déclaré. De plus l’UPM va, a-t-il ajouté, rendre sans objet
Alger semble exprimer des craintes quant à sa place au sein des organismes de direction de la future Union. Le président du patronat algérien Habib Yousfi estime à son tour que pour le moment il n’y a aucune vision claire en matière de financement des projets d’investissement.
Le commissaire européen au commerce, Mr Peter Mandel a reconnu que le volume des investissements en provenance de l’Europe reste faible. D’autre part les importations et exportations en provenance des pays du Sud de
Le scepticisme des observateurs ne s’arrête pas là.
Comme l’a si bien dit le professeur tunisien Khalifa Chater, « il faut éviter que le Sud méditerranéen ne devienne le pare-chocs de l’Europe face à l’Afrique ».La plupart des traités d’amitié et de coopération entre les Pays européens et ceux du Maghreb ne parlent que de l’émigration clandestine et du trafic des drogues, comme si la coopération entre l’Europe et l’Afrique devait se limiter à ces seuls domaines.
Moulay Hafid el Alaoui, président de la confédération générale des entreprises du Maroc a déclaré en marge de la conférence Med Business Days, tenue les 3 et 4 à Marseille que « l’Europe doit considérer ses partenaires de la rive sud de
Pour Mme Leila Sbiti, présidente d’Anima Investment Network, il ne faut pas considérer le sud de
CONCLUSION
Le projet de l’Union pour
Il est cependant nécessaire, pour atteindre cet objectif, de passer par un certain nombre d’étapes et de faire preuve de beaucoup de patience. Certes, il ne s’agira peut-être jamais d’intégration, mais de simple coopération, étant donné le grand retard à attraper par les riverains du Sud.
Mais malgré cela, certains dirigeants des pays de la rive sud ne doivent pas voir d’un bon œil l’union projetée, laquelle risque de mettre à nue les pratiques anti-démocratiques de leurs régimes et de réveiller les consciences des jeunes générations qui n’arriveront pas à admettre que leurs dirigeants restent des décennies entières accrochés au Pouvoir, et ce, contrairement aux chefs d’Etat européens élus démocratiquement pour des périodes assez courtes.
Il est donc absolument nécessaire pour tous les régimes de la rive sud, de revoir leur style de gouvernement, de manière à devenir des interlocuteurs plus crédibles, en respectant la dignité humaine et les règles les plus élémentaires de la démocratie.
LECOMTE
Article publié sur Agora Vox et Médium4You